Ils ont quitté leurs familles, traversé une bonne partie de l'Afrique, mais ont échoué à atteindre l'Europe. Beaucoup ont trouvé la mort dans le désert, beaucoup d'autres se sont noyés en Méditerranée. Ceux qui témoignent de cette immense tragédie collective sont des pêcheurs marocains et tunisiens, des policiers espagnols, des gardiens de cimetière, un prêtre, mais ce sont surtout des rescapés pleurant la mort de leurs compagnons d'infortune.Tourné en Tunisie et au Maroc, dans les lieux où chaque année échouent des milliers d'hommes et de femmes en quête d'une vie meilleure, le film fait oeuvre de sépulture pour les malheureux qui ont trouvé la mort en chemin. Tandis que les plans fixes et les photographies scrutent des paysages vides de désert et de mer où tant ont péri, les témoins racontent sobrement les circonstances de ces drames devenus banals. Ceux qui ont survécu à un naufrage tenteront à nouveau leur chance ; ils n'ont pas le choix et rien à perdre. Quant aux carabiniers qui gardent l'enclave de Melila, ils sont bien conscients de l'absurdité de leur tâche : "Aucune barrière n'arrête un homme qui a fait 1000 km à pied." Les noyés passent par la morgue avant d'être jetés en tas au fond d'une fosse commune creusée à la pelleteuse dans le sol caillouteux du désert. Seuls veillent sur ces morts anonymes un vieux curé et de pauvres gardiens de cimetière.