Quel roman policier que sa vie... Juif, fournisseur favori des Nazis pour les indispensables métaux, généreux pourvoyeur de la Résistance, l'étrange Joseph Joanovici extirpa des griffes de la Gestapo des centaines de personnes...
C'est la formidable histoire d'un embrouilleur professionnel que nous raconte l'auteur. Né en Bessarabie de parents tués peu après dans un pogrom, Joseph Joanovici débarqua en France en 1925 et, par son travail et sa gouaille hilare, devint bientôt "Monsieur Joseph", un ferrailleur réputé. Et lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, le ferrailleur comprend tout de suite que les Allemands vont avoir besoin de gens de bonne volonté pour leur vendre du métal, le nerf de la guerre... Avec eux, il devendra milliardaire.
En 1949, son procès, retentissant, déchira un peu plus les Français déjà bien perdus : telle grande résistante, tel passeur d'armes venaient certifier que sans lui ils seraient morts; mais d'autres disaient l'avoir vu offrir des millions à la Gestapo; un dernier s'avançait pour rappeler que Monsieur Joseph avait fourni la majorité des armes de l'insurrection de Paris à la Libération... La seule chose qu'on puisse tenir pour certaine, c'est qu'il a gagné beaucoup d'argent, mais ne s'est jamais fait pyer pour sauver quelqu'un des camps.
Pour notre plaisir et pour notre mémoire, l'auteur soulève les masques de ce personnage ni blanc ni noir, qui réunit toutes les ambiguïtés de la société française à cette époque, ambiguïtés dont elle se ressent encore aujourd'hui.